Connaissez-vous le Prix Marin ?

Si vous êtes un artiste parisien, vous connaissez sans doute Marin, le célèbre fabricant et distributeur de produits beaux-arts. Pour les autres, il s’agit d’un bel entrepôt situé à Arcueil où l’on trouve tout le bonheur de l’artiste peintre, du châssis au pigment, en passant par les médiums et les pinceaux. Ce que l’on sait moins, c’est que la Maison Marin organise un prix artistique d’un très bon niveau, depuis dix-huit ans déjà. Le principe est simple : douze artistes de renommée nationale ou internationale parrainent douze plasticiens de moins de 40 ans. Les douze jeunes pousses sont exposées pendant un mois (en juin) à la galerie municipale d’Arcueil. Après visite de l’exposition, un jury composé d’autres artistes attribue trois prix, dotés respectivement de 10 000 euros, 2 000 euros, d’un bon d’achat de 1 500 euros. Cette année les heureux élus ont été Damien Cadio, Juliette Righetti, et pour le troisième prix, deux ex aequo Oda Jaune et Thomas Levy-Lasne. Un prix spécial de la ville d’Arcueil a été exceptionnellement remis à une autre jeune artiste, Elsa Guillaume. Elle présentait une sculpture en céramique accompagnée de cinq petits portraits à l’huile d’un humour absurde. Comme il s’agit de mon coup de cœur, j’ai choisi de l’interviewer pour le blog.

 

Cimaises le blog : Bravo pour ce prix, Elsa. Comment avez-vous été sélectionnée pour le concours ?

Elsa Guillaume : J’avais exposé à la biennale de gravure de Sarcelles où j’avais déjà reçu un prix de la maison Marin. Philippe Marin, le directeur de la société, m’avait demandé de lui donner régulièrement des nouvelles. Après quelques années, j’ai fini par lui envoyer un book avec mes dernières œuvres. Il a présenté mon travail, sans doute avec celui d’autres jeunes artistes, au peintre Herman Braun-Vega qui m’a fait l’honneur de me parrainer.

C-lb : L’œuvre exposée au Prix Marin a-t-elle été conçue pour le concours ?

EG : En partie oui. Il faut préciser que je ne suis pas peintre, je pratique la gravure, le dessin, et sculpture. La céramique présentée pour le prix avait été créée dans l’année, mais je voulais également me confronter à la peinture, comme les autres candidats. Philippe Marin offre cinq cents euros de matériel aux participants, j’ai saisi l’occasion. Je me suis équipée en tubes d’huile et en petits panneaux de bois. Je souhaitais réaliser des peintures dans l’esprit de la peinture flamande qui grouille de personnages fantastiques et grotesques… C’était un vrai défi pour moi.

C-lb : Pouvez-vous nous décrire l’œuvre présentée ?

EG : Elle est composée d’une sculpture en céramique et de cinq peintures. Si elles n’ont pas été conçues ensemble, elles sont dans la même thématique. La sculpture découle d’une de mes gravures que j’ai eu envie de rendre en volume. Elle représente une raie mantra dont les ailerons ont été découpés et jetés au sol. Un personnage s’est revêtu de sa dépouille comme s’il s’agissait d’un costume de carnaval. Les peintures sont des portraits de personnages mi-homme mi-poisson. L’idée de la sculpture m’est venue après avoir vu un reportage sur la pêche des raies qui m’a beaucoup marqué par sa cruauté. J’ai voulu contrer cette vision d’horreur avec une image un peu absurde. La raie devient une coquille, une sorte de kimono. Les corps joints du poisson et de l’homme peuvent évoquer une métamorphose. La sculpture semble un peu légère au premier abord, mais dans un deuxième temps, on devine la tristesse de l’animal.

C-lb : Qu’attendez-vous de ce prix ?

EG : J’ai d’abord été très heureuse d’être sélectionnée. Ensuite, je ne m’attendais pas du tout à recevoir un prix, car je concourrais avec des artistes chevronnés, qui pour certains sont déjà reconnus sur le marché de l’art. Le prix m’a permis de faire de très belles rencontres. J’ai pu discuter avec les membres du jury, mieux connaître Philippe Marin, qui a un vrai intérêt pour le travail des artistes. J’ai pu aussi tester une nouvelle technique, oser la peinture. Et je vais continuer à peindre ! Dans quelques mois, en octobre, j’ai une exposition personnelle à Chinon où je vais associer céramiques et peintures. 

Prix marin elsa guillaume

La gravure d’Elsa Guillaume à l’origine de la sculpture présentée au Prix Marin

Pour en savoir plus :

lGalerie municipale Julio Gonzales d’Arcueil

1 réponse

  1. 30 juin 2014

    […] Le prix Marin récompense trois jeunes artistes de moins de 40 ans. Le blog interviewe Elsa Guillaume, l'une des participantes, pour tout savoir sur son fonctionnement.  […]