Paris photo : arrêt sur images
Parlons un peu photo pour changer. Le salon Paris Photo vient de fermer ses portes. Il s’agissait de sa vingtième édition. Celle-ci a été un succès, car elle a attiré 60 000 visiteurs sous la nef du Grand Palais, une fréquentation historique. Le public venait admirer les œuvres de plus de 1250 artistes présentées par 153 galeries du monde entier. Comme chaque année, ce salon est passionnant car il montre un panorama complet de l’art photographique. Il y en avait pour tous les goûts. On pouvait y voir aussi bien des trésors vintage des précurseurs de la photographie, des photos d’art contemporain déjantées, de la photo documentaire ou vernaculaire, mais aussi des photos abstraites, surréalistes, des grands formats, des mini-formats, des affiches collées, des photos sous verre ou sur dibond, parfois des négatifs… Pour visiter ce salon, il faut prendre son temps, effectuer des pauses régulières pour éviter d’être saturé ! Dans cette profusion d’images, le blog a choisi de faire un focus sur des œuvres proches de l’expression picturale. Car si la peinture contemporaine s’inspire allègrement de la photographie, la photographie puise aussi ses inspirations chez sa vieille cousine !
Augustin Rebetez était le « héros » du stand de la galerie Feldbush Wiesner Rudolph. Cet artiste multimédia utilise la photographie, la peinture, la vidéo pour explorer notre inconscient. Son installation pleine d’objets, de dessins collés envahissant le stand détonnait au milieu des milliers de cadres vitrés du Salon.
À la Galerie Lelong, David Hockney, toujours créatif malgré ses 77 printemps, exposait une série d’œuvres réalisées dans son studio de Los Angeles en 2014. Ces « dessins photographiques », comme il les appelle, sont des portraits de groupes, où chaque personnage a été photographié séparément, multipliant ainsi les points de fuite. Fidèle à ses recherches sur la perspective et la perception de l’espace, l’artiste pousse les limites de la photographie en l’associant à la peinture.
La Chelouche gallery présentait le projet « Dreyfus/Méliès » de Nir Evron. Le photographe a travaillé à partir des neufs épisodes du film L’affaire Dreyfus de Georges Méliès. Il a photographié chacune des images de ce film et les a compressées pour obtenir une seule image par épisode. Le résultat est proche d’une peinture abstraite, aérienne et onirique.
La même galerie montrait également une série de Uri Gershuni sur une célèbre usine allemande de détergents pour la blanchisserie. Des diptyques réunissaient une vue de l’usine et la même photo passée au détergent. Il ne reste alors plus que le papier abîmé, bouffi par l’eau et les produits chimiques. La matière flétrie prend le pas sur la représentation.
La galerie Catharine Clark nous faisait découvrir le travail de Nina Katchadourian. La jeune femme réalise des autoportraits incroyables dans le style des primitifs flamands. Mais ce ne serait pas amusant sans une certaine complication : ces photos sont créées dans les toilettes des avions avec le matériel que l’artiste a sous la main.
Elene Usdin exposait à la Galerie Esther Woerdehoff une série de portraits, où la peinture envahit les corps, semblant les dévorer.
À la galerie Kamera Obscura, une série de natures mortes, rehaussées à la peinture à l’huile, attirait le regard par leur atmosphère précieuse et mystérieuse. Elles étaient l’œuvre de l’artiste allemand, Ingar Krauss. Ce photographe autodidacte réalise lui-même les tirages argentiques noir et blanc de ses photographies avant de les peindre à l’huile dans une gamme réduite de couleurs.
Infos salon Paris Photo :
http://www.parisphoto.com/fr/paris