Outsider art fair, une foire à la marge
Après la Fiac et ses foires satellites, vous éprouvez une overdose d’art contemporain ? Courrez vite à la Outsider art fair ! Encore une autre foire, direz-vous. Certes. Mais celle-ci regroupe des galeries spécialisées dans l’art brut ou « outsider », c’est-à-dire créé par des artistes autodidactes en dehors des circuits établis. La manifestation, qui nous vient des États-Unis, se tient dans un endroit original, un hôtel chic du centre de Paris. Les œuvres sont accrochées dans la salle de bain, au-dessus du lit, posé sur des crédences, des étagères. Le galeriste est assis dans un fauteuil, ou même sur le lit. Il ressemble à un voyageur auquel on vient rendre visite. L’avantage de ce lieu original, c’est que le collectionneur peut tout à fait imaginer les œuvres dans son intérieur. (« Je verrai bien ça chez moi », pense-t-il sans doute). L’inconvénient est que l’on se sent parfois à l’étroit, et un peu indiscret, dans ces petites chambres aux oreillers bien joufflus. Comme si l’on pénétrait l’intimité d’un inconnu. Mais après quelques minutes, cette gêne disparaît. Et puis n’est-ce pas le propre de l’art brut de provoquer des questionnements, d’interpeler ses regardeurs ? Au détour des couloirs, on découvre partout des œuvres remarquables. Les galeristes sont venus avec des bijoux des stars de l’art outsider, comme Henri Darger (Andrew Edlin Gallery), Aloïse (Galerie du Marché), Josef Wittlich (Wasserwerk. Galerie Lange ou galerie Gugging), Janet Sobel, inventrice du dripping avant Pollock (Gary Snider Fine art). Mais il y a aussi de superbes découvertes, comme les collages de papiers de boîtes de cigare de Felipe Jesus Consalvos (Fleisher-Ollman Gallery), l’univers rêveur d’un jeune artiste indien, Mayank Kumard Shyam (galerie Hervé Perdriolle Inde(s)), les sculptures et peintures de Terry Turrel (American Primitives). Mon coup de cœur va aux sculptures polychromes de Richard C Smith (Henry Bower Gallery), assemblages d’animaux bizarres, totems de têtes plus ou moins effrayantes. « J’ai découvert cet artiste quand il avait soixante ans, explique le galeriste Henry Boxer. C’est sa femme qui m’a téléphoné en me disant, je crois que mon mari est un artiste outsider. Effectivement, il l’était. Richard C Smith ne travaille qu’avec des morceaux de bois glanés dans la forêt, dans lesquels il a ressenti une présence. Il les assemble, les sculpte et les peints pendant de longues heures. Une œuvre lui demande près de deux mois de travail. La plupart d’entre elles cachent des secrets. Par exemple, on fait pivoter une tête et l’on découvre une autre petite sculpture à l’intérieur du corps. »
Infos pratiques
Outsider Art Fair, Hôtel Le A, 4 rue d’Artois, 75008 Paris. Du 24 au 27 octobre. Samedi de 11 à 20 h. Dimanche de 12 à 18 heures.
bravo pour votre article et pour contribuer à faire connaître l’art Outsider !