Les poupées trash de John Currin
La galerie Gagosian présente la première exposition personnelle à Paris de John Currin, l’une des stars de l’art contemporain américain. En entrant dans la galerie, la première impression est étrange. Les œuvres sont perdues sur les gigantesques murs immaculés, elles semblent flotter dans l’espace. Le galeriste a choisi un accrochage minimal, qui frôle le présomptueux. À peine une dizaine de peintures, encadrées de baguettes dorées à la feuille, est exposée. Dans la pièce d’accueil, au fond du bâtiment, on peut aussi découvrir six petites gravures, agrémentées, quant à elles, de baguettes à la feuille d’argent.
Dans les salles principales, il faut donc s’approcher pour mieux apprécier les œuvres de John Currin. Celles-ci sont étonnantes, à la fois séduisantes et repoussantes. L’artiste met en scène des Précieuses aux corps déformés. Taille étroite, seins proéminents, moue boudeuse. Ces jeunes femmes aguicheuses sont peintes dans une technique magistrale, s’inspirant de la tradition nord européenne des XIVe et XVIe siècles. Mais la touche délicate, les tons pastel, le maniérisme des poses contrastent avec les scènes en sfumato à l’arrière-plan tirées de films pornographiques. Avec ces corps grotesques, ces mimiques grimaçantes, cette vulgarité assumée matinée de classicisme, John Currin provoque le malaise, la fascination. Heureusement, l’humour, souvent présent, évite à l’artiste de tomber dans le kitch ridicule. Par la satire, il évoque nos vanités contemporaines.
En savoir plus :
Exposition John Currin, du 21 octobre au 21 décembre 2013, Galerie Gagosian, 4 rue de Ponthieu, 75008 Paris.
Les corps ne sont pas si « déformés ». Il y a tout un tas de types de femmes très différentes dans la vie réelle, en dehors des magazines qui tentent de vous formater, vous devriez en être informée au premier chef, étant concernée.
Les tableaux sont faits pour être regardés, avant d’être préjugés.
Il y a pas mal de choses à voir dans ces 2 reproductions, et pas du premier coup d’oeil…