Les 109, une biennale à part

Cet automne, comme chaque année, les salons d’art vont se succéder à un rythme soutenu, le pire côtoyant souvent le meilleur. Avec sa personnalité bien marquée, la Biennale 109 fait partie sans conteste des bons salons. La sélection est cohérente et rigoureuse, l’accrochage impeccable, l’ambiance chaleureuse. N’y sont présentées que peintures et sculptures, avec une préférence pour les œuvres dérangeantes, irrévérencieuses, malicieuses ou poétiques… L’art ne doit pas en effet laisser de marbre. C’est ce qu’espère Jörg Hermlé, artiste peintre, et président de la Biennale 109 depuis quatre ans. Il a bien voulu accorder une interview à Cimaises le Blog pour présenter ce salon pas comme les autres, qui se tient du 19 au 29 septembre à Paris.

Jörg Hermlé dans son atelier. Photo V.Auriel.

Jörg Hermlé dans son atelier. Photo V.Auriel.

« L’art est le reflet sans complaisance de notre société. »

Cimaises le blog : La Biennale 109 inaugure sa 16e édition. Comment ce salon a-t-il vu le jour ?
Jörg Hermlé : La Biennale 109 a été créée en 1982 par neuf peintres qui souhaitaient un salon différent des salons historiques auxquels ils reprochaient leur manque de qualité, le fait que chaque artiste ne pouvait exposer qu’une seule œuvre. Ils ont ouvert cet événement à une centaine de peintres et sculpteurs, d’où ce nom du 109, qui évoque aussi le renouveau, le « sang neuf ». Si à l’origine la Biennale se tenait au Grand Palais, depuis seize ans, elle investit la Cité Internationale des Arts au centre de Paris. Nous ne disposons pas suffisamment d’espace pour présenter correctement 109 artistes. Nous accueillons donc 48 peintres et  28 sculpteurs.

En quoi ce salon est-il original ?
Actuellement, notre principale caractéristique est de permettre à tous les artistes d’exposer trois œuvres, un grand format et deux petits. Notre salon dure également plus longtemps que les autres, dix jours, et son entrée est gratuite. Nous donnons enfin une large place à la sculpture. Nous exposons ensemble les œuvres de deux disciplines, en instaurant entre elles un dialogue.

Cette année, plus d’un tiers des exposants a été renouvelé. Comment sélectionnez-vous les nouveaux venus ?
Il faut tout d’abord souligner que si le salon est programmé tous les deux ans, c’est pour nous permettre de bien l’organiser. Nous recevons beaucoup de dossiers, nous nous réunissons six mois avant l’événement pour les examiner. Notre salon privilégie la figuration. Pour la sculpture, où la figuration est moins présente, la notion de la forme prime. Nous recherchons l’originalité, un univers personnel. Les œuvres doivent avoir une certaine force. La peinture jolie et gentille ne nous intéresse pas !

La peinture et la sculpture sont-elles toujours des arts contemporains ?
La peinture et la sculpture sont des langages employés depuis que l’Homme existe. Les oublier sous prétexte que de nouvelles technologies ont été créées est absurde. Ce serait comme remplacer les danseurs d’un ballet par des robots. Ne plus peindre, ne plus sculpter serait se priver d’un des langages essentiels de l’Homme. Mais il est vrai qu’aujourd’hui, ces arts ne sont plus mis en avant ni par les pouvoirs politiques, ni par le marché. C’est pourquoi l’action des salons est importante, elle permet de montrer d’autres formes d’art que l’art officiel.

Néglige-t-on les peintres et les sculpteurs ?
Je le pense. Depuis l’apparition de l’art conceptuel, il y a quarante ans, ce qui prime dans l’art contemporain, c’est la réflexion, l’idée, plutôt que le savoir-faire, l’expression plastique. Les artistes se sont peut-être trop laissés faire. Ils ne se sont pas assez battus pour défendre un art basé sur l’émotion. Pour moi, la peinture et la sculpture doivent être une expression très personnelle qui vient de l’intérieur. Aujourd’hui, on voit de plus en plus des peintures très sophistiquées, qui recherchent la perfection. Ce sont des œuvres qui produisent de l’effet, mais qui ne dérangent pas. Or la peinture et la sculpture sont bien plus que cela. L’art n’est pas la représentation exacte de la réalité, mais le reflet sans complaisance de la société, l’exploration imaginaire par le rêve.

INFOS PRATIQUES

Une vue d'une des Biennales passées. Courtoisy : la Biennale du 109.

Une vue d’une des Biennales passées. Courtesy : la Biennale 109.

La Biennale 109 se tient à la Cité Internationale des Arts, 18 rue de l’Hôtel de Ville, 75004 Paris.

Ouvert tous les jours du 19 au 29 septembre 2013, de 14h00 à 19h00. Nocturne le mercredi 25 septembre jusqu’à 21 heures. Vernissage : mercredi 18, de 18 à 21 heures.

Entrée libre.

1 réponse

  1. Merci pour tes conseils de visites.