David Lefebvre, œuvres camouflages
Peintes avec une minutie de scribe, un réalisme quasi documentaire, les œuvres de David Lefebvre ne sont pourtant pas ce qu’elles paraissent. L’espace en deux dimensions de la toile conduit à une nouvelle lecture du réel grâce à la composition. Comme dans les séries télévisées d’autrefois où des grésillements, un brouillage de l’écran indiquaient une intrusion du paranormal, la peinture de David Lefebvre suggère une déchirure dans l’espace-temps. Le bel ordonnancement des paysages champêtres et urbains est par endroits colonisé par des corps étrangers : figures géométriques répétitives, aplats colorés, proliférations cellulaires. Cette ingérence de motifs incongrus suit les contours d’un objet ou d’un corps, mais parfois le développement inquiète par son anarchisme. Cette perte de données touche souvent l’élément le plus figuratif de la scène initiale, il ouvre une béance dissimulée comme le ferait un camouflage. Le cryptage de l’image trouble notre perception du tableau. Le sujet se déplace et renvoie vers le domaine de l’inconscient. L’artiste s’inspire ainsi des travaux de Lacan sur le signifiant et le signifié. Il tente de dévoiler le caché, de déjouer le réel, pour se défaire des images et de leur hégémonie.
Pour voir les œuvres de David Lefebvre :
David Lefebvre, « Pour le Rest », jusqu’au 25 octobre, galerie Zurcher, 56 rue Chapoon, 75003 Paris.
Oeuvre en-tête : David Lefebvre, « JR », 81 x 116 cm, huile sur toile, 2014 (détail). Photo VA.