David Hockney troque le pinceau pour l’imprimante
À 75 ans, l’artiste anglais David Hockney jubile toujours autant quand il peint. Et peut-être même davantage aujourd’hui qu’hier. Ce bonheur se devine en regardant ses œuvres. Les couleurs éclatent comme un feu d’artifice. Les jaunes poussin côtoient les verts acides, les bleus lagon font la nique aux roses tendres… Quelle vitalité, quelle fraîcheur ! C’est avec ce même plaisir enfantin que l’artiste s’empare sans a priori des nouvelles technologies. Depuis plusieurs années, il utilise différents moyens numériques, iPad, iPhone, tablette graphique, photomontage… L’artiste explique ainsi dans un entretien à Télérama en juin 2012 : « Je me suis toujours intéressé aux nouvelles technologies qui permettent la représentation par l’image. Ça a commencé avec les Polaroid, les dessins sur ordinateur, les photocopieuses et les télécopieurs. Aujourd’hui je continue avec l’iPad, qui me permet de travailler sans peinture et sans assistant. Mes mains sont toujours propres, mais je garde ce réflexe de vouloir les essuyer sur ma veste, surtout avant d’utiliser du jaune. »
La galerie Lelong présente jusqu’au 2 mars une série de portraits et des paysages de la campagne anglaise réalisés en partie ou en totalité sur un écran. Ces estampes numériques éditées en tirage limité (entre sept et trente exemplaires) côtoient des gravures « classiques » plus anciennes exposées dans une autre salle de la galerie. « J’avais coutume de penser que l’ordinateur était trop lent pour un dessinateur, souligne David Hockney dans le texte de présentation de l’exposition. Vous terminiez une ligne et l’ordinateur avait 15 secondes de retard, ce qui est une absurdité pour un dessinateur. Mais le matériel s’est amélioré et permet désormais de dessiner en couleurs, très librement et très rapidement. Toute innovation mise à disposition des artistes comporte des avantages et des inconvénients, mais la vitesse et les couleurs aujourd’hui disponibles constituent une nouveauté ; travailler à l’huile ou à l’aquarelle cela prend du temps. »
Peindre sur un écran n’est pas qu’une question de facilité, il permet à l’artiste d’explorer de nouvelles possibilités créatives. David Hockney mêle dans une même œuvre différents types de touches et de tracés, avec des effets de flou caractéristiques des pinceaux virtuels. Il sélectionne dans ses photographies des éléments végétaux qu’il reproduit et détoure pour créer des forêts imaginaires hypnotiques… Si paysage et portrait sont des genres classiques de la peinture, l’œil d’Hockney, son anticonformisme se révèlent terriblement novateurs… Un petit bémol cependant, les œuvres présentées par la Galerie Lelong datent de quelques années, j’aurais aimé découvrir aussi les dernières recherches du peintre…
Infos pratiques :
Exposition « Drawing in a Printing Machine », du 17 janvier au 2 mars 2013, Galerie Lelong, 13 rue de Téhéran, 75008 Paris.
vive l’ouverture d’esprit !