Claire Tabouret à la galerie Bugada & Cargnel
Tombée en peinture à l’âge de quatre ans devant Les Nymphéas de Claude Monet, Claire Tabouret n’a jamais dévié de sa vocation première. Elle se revendique peintre figurative. Ses œuvres évoquent les thèmes de l’enfance, des racines familiales, des liens sociaux. L’artiste mêle aplats, épaisseurs et glacis transparents, elle donne à voir une réalité mouvante et ambiguë. Travaillant à partir de photographies (aussi bien des archives personnelles que des clichés anonymes récoltés au fil de ses recherches), elle s’empare de figures figées dans un espace-temps indéfinissable, pour avancer une nouvelle lecture de leurs présences et de leurs apparences. En ces mois de décembre et janvier, elle expose sa dernière série à la galerie Bugada & Cargnel, dans le quartier de Belleville. Dans des toiles de grands formats, elle évoque de manière symbolique ces fameux bals des débutantes où de toutes jeunes femmes font leur entrée dans les hautes sphères de la société. Cette présentation très codifiée transforme l’individu en un bel objet, l’être disparaît derrière le paraître. Ce thème est le prétexte pour Claire Tabouret à explorer la place de l’individu au sein du groupe, sa capacité à s’en extraire ou à s’y diluer. Elle peint le passage du monde de l’enfance au monde adulte, l’empreinte du temps. Les fonds aux couleurs acidulées, parfois fluorescentes, s’opposent aux corps translucides, fantomatiques, aux visages absents. Les robes se mêlent dans un entrelacs de plis qui envahissent même l’arrière-plan. Évoquent-ils les liens imposés qui relient les individus, au risque de les étrangler ?
Infos pratiques
Claire TABOURET, « Les Débutantes ». Exposition jusqu’au 7 février 2015, du mardi au samedi, de 14 à 19 heures. Galerie Bugada & Cargnel, 7-9, rue de l’Équerre – 75019 Paris.
Peinture en-tête (détail) : « Les débutantes, vert de jaune », acrylique sur toile, 230 x 330 cm.