Chemins de traverses
Ils sont Brésiliens, Indiens, Congolais, mais aussi Haïtiens, Mexicains, Européens, Japonais, Américains. Ils vivent un peu partout sur la planète. Leur point commun : ne pas être passés par une école d’art. Ils sculptent, peignent, dessinent comme ils respirent, sans se préoccuper des tendances de l’art contemporain. La Fondation Cartier présente le travail d’une cinquantaine de ces artistes dits « naïfs ». Les couleurs et les formes foisonnent, l’humour est souvent présent. L’originalité est la règle. Peintres et sculpteurs poursuivent leur route avec une remarquable cohérence, guidés par les voix de leur cœur, de leurs émotions.
Gros plan sur deux de ces artistes :
Mamadou Cissé est né en 1960 au Sénégal, dans le village de Baghagha. Dans son enfance, il dessine beaucoup de portraits, de villages, et s’intéresse à des pratiques aussi variées que le dessin sur sable, la peinture à l’eau, la calligraphie, etc. Après son arrivée en France en 1978, il exerce plusieurs métiers, dont celui de gardien de nuit en 2001. Pour rester éveillé, il commence à dessiner des villes avec une extrême précision. À la fois réelles et imaginaires, les villes de Mamadou Cissé sont toujours vues d’en haut, comme pour mieux en dévoiler le mouvement, la vitalité et la densité.
« Je vois les villes en hauteur, je trouve qu’elles sont bien conçues. […] Dans le futur, je souhaite qu’on ait assez de terre pour l’agriculture, qu’on ait assez de terre pour les forêts. Et qu’on soit bien logé. »
Isabel Mendes da Cunha a aujourd’hui 88 ans. Elle est née dans la vallée du Jequitinhonha au Brésil. Dans cette région, l’artisanat est l’une des ressources principales. La céramique y est pratiquée principalement par les femmes. Isabel Mendes da Cunha a appris la technique avec sa mère, en fabriquant des objets usuels qui étaient ensuite vendus sur les marchés. Après la mort de son mari, et face à la concurrence des produits industriels, elle a orienté sa production vers la sculpture artistique en créant de grandes figures en céramique, inspirées de la vie quotidienne, des activités féminines. Grâce à cet acte créatif, Isabel Mendes da Cunha est aujourd’hui reconnue et respectée.
« Être artisan c’est la même chose qu’être artiste. Je pensais que j’étais artiste, mais je croyais aussi être artisan. Je préfère être artiste, artisan-artiste. »
L’exposition Histoires de voir, Show and Tell est présentée jusqu’au 21 octobre 2012 à la Fondation Cartier pour l’Art contemporain, à Paris.
Pour en savoir plus :
Le site de la Fondation Cartier