Cy Twombly, les secrets de sa technique

Le Centre Pompidou organise la première rétrospective complète de l’œuvre de l’artiste américain Cy Twombly en Europe. Une exposition d’une ampleur inédite, présentée uniquement à Paris, qui rassemble des prêts exceptionnels, venant de collections publiques et privées du monde entier. L’événement retrace l’ensemble de la carrière de l’artiste à travers un parcours chronologique de cent quarante peintures, sculptures, dessins et photographies permettant d’appréhender toute la richesse de son œuvre. Le blog vous livre quelques pistes pour mieux comprendre l’art de Cy Twombly et sa façon de travailler.

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Coronation of Sesostris, 2000 Part V : Acrylique, crayon à la cire, mine de plomb sur toile 206,1 x 156,5 cm Pinault Collection © Cy Twombly Foundation, courtesy Pinault Collection

Au-delà de l’apparente facilité du geste, l’œuvre de Cy Twombly est celle d’un érudit. Derrière les traits griffonnés, les mots gribouillés, l’artiste multiplie les références mythologiques, symboliques et historiques. Dans la série « Coronation of Sesostris », il évoque la course du dieu égyptien Râ qui traverse le ciel à bord de sa barque solaire du crépuscule à l’aube. Il entremêle les références au pharaon Sésostris Ier, aux poètes antiques Sappho et Alcman ainsi qu’à la poétesse contemporaine Patricia Waters. Mais parfois il glisse des allusions beaucoup plus triviales dans ses œuvres. Ainsi, la toile intitulée Apollo désigne le théâtre de l’Apollo à Harlem où Cy Twombly allait danser avec sa femme.

L’artiste aime varier les techniques et les supports. Il dessine, peint, réalise des collages. Il utilise, en les mixant, de la peinture industrielle, de l’huile, de l’acrylique, des crayons de couleur, des pastels à l’huile, des crayons à la cire, de la mine de plomb… Il confie cependant que l’huile n’est pas sa technique favorite, car elle sèche trop lentement. Il ne peut revenir sur ses tracés encore humides, sans prendre le risque de les gâcher. Il préfère le travail avec les crayons, qui lui permet d’écrire, de dessiner, d’avoir un geste rapide.

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Summer Madness, 1990 Acrylique, huile, crayon de couleur, mine de plomb sur papier monté sur panneau de bois 150 x 126 cm Udo et Anette Brandhorst Collection © Cy Twombly Foundation

Cy Twombly ne se force pas à peindre et peut ignorer son atelier pendant des jours. Il ne s’y rend que si l’inspiration est là. À l’atelier, il a besoin d’être concentré sur sa création, sans être gêné par des interférences. Mais il n’est pas tout le temps devant sa toile. Il prend du temps pour réfléchir aux motifs de ses œuvres. Il se lance après cette longue préparation émotive quand tout est planifié dans sa tête. Il privilégie la spontanéité du trait. Autrefois, il a pu peindre dans le noir. Pour les grands formats, il dessine cependant des croquis préparatoires. Quand il peint, Cy Twombly ne pense ni à la composition, ni aux couleurs, mais uniquement à l’urgence de la création.

Cy Twombly ne prépare pas ses châssis à l’avance car le format et la taille dépendent du sujet. De nombreuses œuvres font deux mètres de large, ce qui correspond à la largeur des rouleaux de toile. L’artiste aime travailler sur plusieurs peintures en même temps réparties dans tout l’atelier. Il passe de l’une à l’autre, en se nourrissant de l’énergie de chacune… Il travaille ainsi beaucoup par séries.

Sans titre (Lexington), 2004 Bois, vis, corde, toile à sac, plâtre, peinture à la résine synthétique 206,5 x 44,5 x 45 cm Cy Twombly Foundation © Cy Twombly Foundation, courtesy Sammlung Udo and Anette Brandhorst

Sans titre (Lexington), 2004. Bois, vis, corde, toile à sac, plâtre, peinture à la résine synthétique. 206,5 x 44,5 x 45 cm. Cy Twombly Foundation
© Cy Twombly Foundation, courtesy Sammlung Udo and Anette Brandhorst

L’artiste sculpte également. L’exposition de Beaubourg montre une très belle sélection de sculptures. Constituées d’éléments disparates, ces sculptures peuvent être qualifiées d’assemblages et d’hybridations. Élaborées à partir d’objets trouvés (morceaux de bois, fiches électriques, cartons, fragments de métal, fleurs séchées ou artificielles), ces combinaisons de formes brutes sont unifiées par un mince revêtement de plâtre. Le blanc dont elles sont badigeonnées fait naître à leur surface de subtiles nuances. Il accroche la lumière et leur octroie une apparence spectrale. Cy Twombly dit ainsi : « La peinture blanche est mon marbre ».

Quelques citations de l’artiste :

« Chaque trait est habité de sa propre histoire, dont il est l’expérience présente ; il n’explique pas, il est l’événement de sa propre matérialisation. »

« J’ai davantage le sentiment de vivre une expérience que de faire un tableau. »

 

Infos pratiques :

Cy Twombly, 30 novembre 2016 — 24 avril 2017, Centre Pompidou, Paris. www.centrepompidou.fr

 

Œuvre en-tête

Untitled (Bacchus) (détail), 2005, acrylique sur toile, 317,5 x 417,8 cm. Udo et Anette Brandhorst Collection © Cy Twombly Foundation

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